Le nombre de signalements de groupements sectaires, – d’après Miviludes, est en hausse de 85 % en cinq ans, en France bien entendu. Ce chiffre peut à juste titre faire frémir. Il est donc nécessaire d’être prudent face à cette recrudescence.

Alors, pourquoi cet article ?

Si la sophrologie est déjà bien en place dans certains secteurs, elle est malheureusement encore trop méconnue dans d’autres domaines. De ce fait, elle suscite malheureusement encore trop souvent de la méfiance, voire même de la crainte. En toile de fond, une question: rejoindre une séance de sophrologie, est-ce rejoindre un mouvement sectaire ?!

Les dérives de certaines écoles dites de développement personnel n’aident pas à faire le tri entre les pratiques dangereuses de celles qui ne le sont pas. S’ajoute à cela l’émergence de formations qui sont bien éloignées de ce qu’elles prétendent être, à savoir de la sophrologie.

Il est donc urgent de faire une mise au point, en précisant d’emblée que ces quelques lignes se rapportent à la sophrologie caycédienne.

1. Dynamique globale des groupements sectaires en regard des pratiques sophrologiques

Dans un premier temps, je vous propose de porter un regard global à la fois sur les groupements sectaires, et sur la pratique sophrologique. Ce premier tableau permettra d’effectuer aisément un constat: voir à quel point sont opposées les dynamiques de ces différents acteurs.

Tableau récapitulatif global, reprenant les critères de l’ADFI .


Groupement sectaire

Pratique sophrologique
1. Porte atteinte aux droits fondamentaux de l’homme.Au niveau de son organisation et de sa méthodologie, la sophrologie caycédienne cultive au contraire ces mêmes droits. IL suffit pour cela de se rappeler le travail d’ A Caycédo dans les milieux défavorisés de Bogota.

2. Est caractérisé par la pratique d’une manipulation mentale qui entraîne un endoctrinement, un contrôle de la pensée, un viol psychique, une destruction de la personne sur différents plan : physique, psychique, relationnel, intellectuel, familiale.

Aucune de ces pratiques n’existent ni de près, ni de loin en sophrologie. Les différentes techniques enracinent et développent toutes la liberté individuelle, et ont comme objectif la stimulation des ressources positives pour une autonomie renforcée dans la gestion des difficultés de la vie .


3. A sa tête : un gourou, avec une doctrine, dans un groupe hiérarchisé.

La théorie issue des pratiques sophrologiques n’est pas érigée en dogme. Les sophrologues sont indépendants, sans groupe hiérarchisé. Son fondateur , A Caycédo, n’a été ni haï, ni craint ou adoré. Ses communications se limitent à des données scientifiques issues de recherches effectuées dans les milieux hospitaliers.

4. Suscite une relation de rupture avec la médecine traditionnelle.
La sophrologie exclu toute pensée magique. Elle accompagne la maladie en renforçant les mécanismes d’évolution positifs. Elle restera toujours aux côtés des médecines traditionnelles, dans un travail de collaboration avec les équipes médicales. D’où son émergence possible et souhaitable dans certains services médicaux.

2. Retour sur les lois fondamentales de notre pratique

Il est communément admis 5 lois fondamentales en sophrologie : celle de l’action positive, de l’adaptabilité des séances, du schéma corporel comme réalité vécue, de l’alliance sophronique, et de la réalité objective du praticien. Je tiens à rappeler que ces « lois » sont indispensables à la bonne pratique de la discipline.

Deux d’entre elles sont particulièrement intéressantes dans le cadre du sujet qui nous intéresse.

A. L’alliance sophronique

Le mot « alliance » qualifie la relation entre le sophrologue et son client. Que cela veut-il bien dire… Et bien: cette relation primordiale lors des séances se situe dans un lien horizontal et non pas vertical.

Le sophrologue n’a pas le pouvoir , – et ne se l’arroge pas, de celui qui sait.

Pour le dire autrement, le sophrologue connaît ses techniques, mais ce n’est pas lui qui apportera une réponse au sophronisant. : son chemin à prendre, ses choix à effectuer, etc.… ni même la manière de bouger les bras pendant une séance de relaxation dynamique. C’est dire ! Il est là pour accompagner son client à avancer sur son propre chemin le plus sereinement possible.

Le respect de cette liberté individuelle est le propre de la sophrologie, ce qui la constitue fondamentalement. C’est aussi elle qui détermine la nature du lien entre les deux protagonistes.

Pour bien comprendre ce lien, il faut se rappeler que cette discipline repose sur la phénoménologie, à savoir le retour aux phénomènes, à ce qui est vécu. A ce niveau de profondeur de la conscience individuelle, la seule relation possible ne peut se construire qu’entre deux sujets égaux. L’ idéalisation est de ce fait impossible, comme toute forme de dépendance entre le sophronisant et le praticien.

Le discours du sophrologue est informatif, orientatif par moment, mais jamais directif.

B. La réalité objective

Cette « alliance » ne va pas de soi. Elle nécessite un travail de la part du professionnel. Afin qu’elle devienne une réalité vécue, il est indispensable que le sophrologue se situe au niveau phénoménologique de sa propre conscience. En d’autre terme, le sophrologue ne doit jamais se perdre de vue. Il doit sans cesse avoir conscience du lieu d’émergence de sa parole, afin de rester à sa place. Suis-je dans une construction mentale ? Dans une interprétation ? ou dans l’accueil des phénomènes perçus ?! Il est dans l’obligation de rester conscient de ses propres mécanismes et en même temps, de discerner les mécanismes qui entrent en jeu dans le discours de son client. Si le praticien n’est pas conscient de lui – même, il ne pourra être conscient de la personne en face de lui.

La vigilance, la bienveillance, l’écoute active, le non jugement, et surtout une pratique assidue des techniques sophrologiques sont des préalables indispensables à tout sophrologue pour qu’il puisse vivre une telle réalité objective dans sa pratique.

Ces deux lois, – qui je le répète sont constitutives de notre discipline, sont totalement antinomiques à une pratique sectaire.

Non seulement elles lui sont antinomiques, mais elles permettent d’apporter une aide aux personnes victimes de ces dynamiques délétères. Cela, en suscitant chez autrui une parole libre, autonome, un « je » assumé et affirmé, dénué de toute dépendance ou manipulation mentale.

Est-il nécessaire de conclure ?!

La sophrologie n’a aucune accointance avec tout mouvement sectaire. Elle n’est pas non plus une discipline ésotérique. Au contraire, à travers les techniques qu’elle propose, elle souhaite apporter à un large public une contribution efficace en terme de prophylaxie et d’aide. Y compris aux victimes de manipulation mentale. La pratique de la sophrologie ne doit pas faire peur.

Mais comme dans toutes les disciplines, une vigilance est de mise. Celle du choix du praticien.

Il faut du temps pour devenir sophrologue, et des efforts assidus pour le rester. Si la maîtrise de techniques est indispensable, la qualité d’être l’est tout autant. A la charge de chaque praticien la vigilance sur sa propre pratique pour donner à vivre la substantifique moelle de la discipline : les vivances sophroniques avec des phénodescriptions dignes de ce nom.

Je tiens à rappeler pour finir, que la sophrologie ne fait pas partie de la longue liste des disciplines de relaxation et/ou de développement personnel. Elle va au-delà de tout cela : elle travaille au dévoilement de la conscience. N’oublions pas la devise de A Caycedo : « Pour que la conscience soit connue ».C’est pour cela que son horizon est infini, et que son éthique se doit d’être irréprochable.


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